AS Dragon & Luke

Le Trabendo (Festival des Jeux), le 14 février 2002



Ce soir le festival Les Jeux présente au Trabendo deux formations françaises : AS Dragon, qui n’est rien d’autre que le groupe qui accompagne Bertrand Burgalat et Luke, nommé à tort par les médias comme le Coldplay français.

La soirée débute alors que la salle est à moitié vide. Quatre musiciens, pour qui le temps s’est arrêté dans les années 60/70, entrent sur scène et s’attellent à leur instruments sans attendre. Alors que les toutes premières notes se font entendre, une silhouette traverse la scène et s’empare du micro. Dissimulée derrière son chapeau et sa cravate, la chanteuse peine à s’imposer, à s’intégrer dans le fond musical. Bien qu’ayant une voix commune, elle réussit finalement à l’utiliser tel un véritable instrument, qui lui obéit au doigt et à l’œil, passant des cris sauvages aux soupirs, du français à l’anglais… un chant teinté de funk qui flirte un peu trop avec celui de Gwen Stefani (chanteuse de No Doubt). La demoiselle témoigne de son énergie en se trémoussant généreusement sur une musique pop-psychédélique. Les musiciens sont experts, voire un peu trop, on sent la volonté de jouer « bien et beau », chacun s’acharne sur son instrument comme s’il fallait l’achever. L’effort fourni est appréciable mais engendre une musique lourde, mécanique, que même la fraîcheur de la chanteuse a du mal à atténuer. La prestation s’achève sur la déception d’un public vraisemblablement avide d’un rappel.

Après avoir écrit le ‘tubesque’ « Se Taire », Luke part pour son tour de France et s’arrête ce soir à Paris (pour la seconde fois). Formé entre autre d’ex-membres de Prohibition, Purr…, le quintette est attendu au tournant, les spectateurs attendent un signe, un geste pour lui montrer qu’il est bel et bien le groupe pop-rock français du moment. Le groupe, ambitieux et prévoyant, interprète en plus des titres de son premier opus, une ou deux chansons à retrouver sur un possible deuxième album. L’intention est là, les chansons sont exécutées avec ferveur et agressivité. Une guitare acoustique est présente mais se perd parmi les nappes de claviers, de samples et de guitares/basses. Les compositions si propres, si nettes de « La Vie Presque » en prennent un coup. Une nouvelle interprétation leur est offerte, un traitement plus brut leur est infligé…la comparaison à Coldplay s’estompe. Leur musique oscillant entre arpèges mélodieux et expérimentation est supportée par un chanteur plus que longiligne. De la corrosivité, de l’amertume propre à sa voix il ne reste plus que les paroles. Les sons cristallins et fragiles sont quasi étouffés par une basse omnipotente. Le gros son éclipse les sonorités cristallines et fragiles de « Se Taire », « La Cour Des Grands », dans cette perspective la délicatesse de « Encore Une Fois » est bienvenue. A noter également une reprise d’une chanson de J.L. Murat….
Après deux rappels, Luke disparaît définitivement de la scène vraisemblablement satisfait de leur prestation.
L’expérience acquise par chacun des membres dans leurs formations antérieures et la tournée, avec une autre date à Paris en mars (aux Festins d’Aden) devraient laisser une chance à Luke de dépasser ce simple stade de groupe pop-rock français du moment.


Rita Carvalho